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The Quills
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23 septembre 2007

Prologue

« -Haha… »

Le rire moqueur déchire le noir qui vous entour. Cette voix est froide et lointaine tout en restant sensiblement proche...

« -...est ce que...vous avez...peur? Tous seuls... dans le noir? »

Elle n'est ni masculine ni féminine, cette voix, qui pourtant semble si humaine, sans l'être. Cette voix qui vous glace et vous intrigue car elle est la seule chose qui vient rompre les ténèbres tout autour.

« -Peut être que nous ferions mieux d'allumer, ne pensez vous pas? »

Le craquement de l'allumette ne se répand pas en écho comme vous l'auriez imaginé afin de justifier l'étrange vibration de cette voix dans, cet endroit inconnu.

La lueur orangée s'élève de la flamme qui danse sous vos yeux, qui se ferment un instant, aveuglés. Cette faible et seule source de lumière éclaire une moitié de visage. La première chose qui attire votre regard est un œil d'un noir profond, sous quelques mèches de jais.

La peau blanche, d'une certaine pâleur, contraste au milieu de ce néant abyssal où vous êtes. Un demi-sourire étire une moitié de bouche rougeâtre avant que la voix ne résonne à nouveau :

« - Bien le bonsoir. Je constate avec délectation que nous sommes enfin réunis. Il était grand temps. J'avoue que l'ennui de l'eternel se fait lassant après quelques siècles...
Voyez vous, j'ai… une histoire à conter, qui, je pense, est des plus intéressante. Seulement…quand la solitude est votre seule compagne ; Qu'est ce que le néant pourrait bien trouver à dire au néant? »

L’ombre de la flamme, qui ne semble plus vouloir s’éteindre, se miroite dangereusement dans sa prunelle sombre et vous savez, vous le sentez, vous le comprenez : Cet être n’attend pas de réponse, il désire la présence d’un auditoire et rien de plus.

« -Maintenant que vous voici venu, ne m’en veuillez pas qu’après tant d’années d’attente, j’éprouve le besoin de vous faire languir au fur et à mesure que je vous tiendrai récit.
Je vous demanderai une chose, avant que mot ne soit prononcé sur l’histoire qui vous attend, gardez en mémoire que ceci est une réalité et non pas une fable pour s’endormir les jours où on se veut brave. N’oubliez donc pas, que vous n’êtes pas l’un d’eux. »

Et dans un souffle soudain, le noir redevient maître absolu sur votre vision. Une légère odeur de bois consumé, quelque peu aigre, vous titille les narines.

« -Il était une fois, puisque de coutume, nous nous devons ainsi de commencer; Il était donc une fois, quatre amis qui s’aimaient comme seuls les frères savent le faire et dont l’affection était telle qu’ils parvinrent à se pardonner le pire des pêchés…
Mais nous ne pouvons débuter ici, cela serait dommage de vous dévoiler quelque mystère que vous pourriez savourer plus tard, en temps et en heure…Ainsi, prenez patience, et ayez pitié d’un être qui ne désire que retrouver un semblant de ce qu’il fut. »

Le silence retombe et seule votre respiration emplie l’espace. Lente et légèrement sifflante, alors que dans votre esprits les mots échos encore sans que vous parveniez à y voir un sens quelconque.

« -La nuit…la pluie…oui, il faisait orage ce soir là… »

*~*~*

Il faisait orage ce soir là. Le ciel, en colère, se déversait en un ras de marrée sur la ville endormie, emplissant chaque recoin d’une eau sale qui savait se faufiler là où il ne fallait pas. Les rues débordaient de petites rivières qui emmenaient dans leur sillage toute la crasse de Londres des bas quartiers ; Le sang des abattoirs, les excréments des animaux et des Hommes du peuple et d’autres choses qu’il est bon de laisser inconnues.

C’est dans l’un de ses quartiers de misère que des coups violents, frappés contre une porte en vieux bois défraichi, vinrent briser la symphonie céleste. Encore et encore, résonnant en un vacarme assourdissant dans le petit salon désert, sans que nulle âme n’y porte la moindre attention dans le sombre petit appartement, dont les murs s’écaillaient par endroit. Et puis, une lumière s’alluma et des pas précipitées se dirigèrent vers l’entrée, afin d’arrêter le bruit persistant.

La porte s’ouvrit en un grincement à peine étouffé par les torrents d’eau qui continuaient toujours de noyer la ville. Un homme se tenait là, trempé de la tête aux pieds, se retenant péniblement au mur à sa droite. Sa poitrine se soulevait en un mouvement rapide et régulier, et sa bouche à moitié ouverte lui permettait de reprendre son souffle à grande bouffée d’air froid. Il tremblait mais on ne pouvait pas dire si c’était de froid, ou bien d’autre chose. Cette chose qui déformait les traits de son visage jusqu’à l’en rendre méconnaissable, pendant une seconde, aux yeux du propriétaire des lieux.

« -Maximilien ? Est-ce bien toi ? » Questionna-t-il, les sourcils froncés, sa vision quelque peu flou du sommeil dont il avait été si désagréablement arraché. « Grand dieu ! Tu as vu l’heure ?! L’aube n’est point encore levée et te voilà déjà à ma porte, en plus sous cette satanée pluie. Je ne t’aurais jamais soupçonné de pouv… »

Il n’eut pas le temps de finir sa phrase qu’une main l’empoigna au col, le tirant vers la ruelle glaciale. Il recula de quelques pas, surpris par ce geste qu’il n’attendait pas. Son regard égaré croisa l’inquiétude dans celui de son ami qui le fixait avec insistance, et une telle détresse que lui-même se sentit soudain étrange. Non…

« - Viens vite ! Tu dois venir avec moi ! Absolument ! C’est lui encore ! Et cette fois ci, je crains fort que nous n’arriverons pas à freiner ses délires, Michaël. »

Michaël se figea sur le pas de sa porte, voyant ses peurs ainsi confirmées. Se détachant de la poigne de Maximilien, il se rua dans sa chambre pour enfiler ses bottes. Son manteau sur le dos, il se saisit d’un vieux chapeau avant de refermer la porte derrière lui.

La pluie rendait leur avancement difficile. La moitié des routes étaient immergées d’eau, et il leur fallut rebrousser chemin à plusieurs reprises avant de finalement couper par quelques raccourcis qui les rapprochèrent du pont de Westminster. Croulant sous le poids de l’averse, ils arrivèrent finalement sur la rive et au loin, Michaël crut apercevoir deux longues silhouettes qui se détachaient de sous le rideau liquide. Les deux hommes s’élancèrent en leur direction et ainsi se retrouvèrent enfin en présence de leurs amis qui se disputaient furieusement.

« -Pour l’amour de Dieu Xiah ! Viens ! Rentrons, nous allons tous tomber malade à rester ici ! » Hurlait l’un des deux.
« -NON YUNHO! NON ! JE NE RENTRERAI PAS ! JE NE RENTRERAI PLUS JAMAIS VOUS M’ENTENDEZ ! JE N’EN PEUX PLUS DE VIVRE AINSI ! »

Les nouveaux arrivants échangèrent un regard entendu ; Il devait encore s’être saoulé jusqu’à en perdre conscience de ses mots, de ses gestes. Et comme toujours dans ces moments d’égarement, il lui venait à la bouche le même discours qui les ramenait tous indéniablement à un autre soir que leurs esprits oubliaient tant bien que mal.

« - Cesse cette mascarade et suis nous, je te prie ! » Ordonna Michaël en s’avançant, saisissant l’homme par la manche de sa veste mais celui-ci la lui retira brutalement en reculant.
« - LAISSEZ-MOI ! CECI N’EST PAS UNE MASCARADE ET VOUS TOUS LE SAVEZ ! »

Ses yeux grands ouverts trahissaient une certaine folie qui leurs faisait peur. Jamais auparavant ses crises n’avaient été d’une telle violence. Il leur semblait voir un autre homme. Un inconnu qui les fusillait de ce regard de bête. C’est ainsi qu’il ne leur laissa pas le temps d’esquisser le moindre geste quand il se hissa sur une des poutrelles d’une des sept arches du pont. Il grimpa à une vitesse telle que Yunho, qui désespérément essaya de le retenir, se retrouva dans la boue, poussé par le pied de son ami.

« -XIAH BON SANG! REDESCEND ! » S’exclama Max, regardant l’homme se mettre en équilibre tant bien que mal sur l’édifice de fer.

Les bras tendus de chaque côté de son corps, Xiah semblait pleurer sous l’eau qui s’écoulait inlassablement des cieux. Sa voix vibra une seconde fois, faisant fi de Yunho qui tentait toujours de ramener son ami sur la terre ferme, en vain.

« - VOUS MES AMIS, VOUS MES FRERES, VOUS A QUI ME LIE LA FORCE DU PACTE ET DU SECRET. VOUS QUE J’AIME ET EN QUI J’AI PLEINE CONFIANCE. VOUS MA FAMILLE, VOUS QUI M’AVEZ TRAHI EN ME PRENANT POUR FOU PUISQU’AINSI IL EST PLUS FACILE DE SE DIRE QUE TOUT EST POUR LE MIEUX DANS VOS PETITES VIES SI CORRECTES, SI COMME IL SE DOIT. VOUS ENFANTS DE PUTAINS QUI M’AVEZ ABANDONNE A MON SORT ! VOUS QU’AUJOURD’HUI JE HAIS ! QUE JE MEPRISE ! »

Sur son perchoir, son corps pencha dangereusement mais il se rattrapa à temps, les pointant de son doigt accusateur, les pointant jusqu’à leurs âmes qu’ils savaient pertinemment, souillées.

« -VOUS QUi… »

Sa voix se brisa un instant et il baissa la tête vers le sol qui lui parut infiniment loin.

« -Vous qui ne me croyez plus…qui m’avez délaissé pour vous-même alors que j’avais besoin de vous…vous, mes frères…qui m’avez tous tourné le dos… ».

Xiah releva le regard et cette fois ci, sur son visage pâle et trempé, un mince sourire se dessina ; De ceux qui murmurent toute la tristesse du monde, de ceux qui avouent sans mot dire. Cela les frappa tous, et chacun sentit le pire étirer son ombre sur eux.

« -Vous comprendrez un jour le poids de nos péchés…je vous maudis tous… »

Et sa tête se leva, rejoignant le gris du ciel.

« -Adieu. »
« -NOOOON ! »

Son corps bascula en arrière, tel un ange qui s’envole soudain, disparaissant de leur vue. Une longue chute qui pourtant ne dura que quelques secondes. Il s’enfonça entre les vagues de la Tamise déchainée, qui l'avalèrent. Et on ne le revit plus… jamais plus.

*~*~*

« -Oui, il était une fois quatre amis qui s’aimaient comme seuls les frères savent le faire et dont l’affection était telle qu’ils parvinrent à se pardonner le pire des pêchés…mais l’un après l’autre, tous durent un jour, payer le prix du silence. »

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