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The Quills
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25 septembre 2007

Chapitre IV: Back To Reality

« Bonjour ! Nous sommes le Samedi 18 Février et il est 8h ! La température est de 7 degrés je ne vous conseille pas d’aller faire un tour dehors ! Vous êtes sur les ondes de HZK9 merci de votre fidélité ! Nous enchaînons donc avec le nouveau tube de Lemar : What About Love pour un réveil tout en douceur. »

Shaolan émergea lentement des limbes du sommeil, encore un peu sonné. En entendant les premiers accords de la chanson, il se redressa brusquement dans son lit. Troublé, il regarda ses draps défaits, les murs peints en vert et le tout nouveau réveil matin docilement posé sur la table de chevet près du lit ; la chaleur de la cheminée en marbre, l’élégance du décor de l’époque victorienne n’étaient plus qu’un lointain souvenir.

- Un rêve ? souffla t il, incrédule.

Il se passa ses mains dans ses cheveux nerveusement et se dégagea de la couverture. Il fut surpris que ses pieds ne rencontrent pas le sol froid et baissant le regard, se rendit compte qu’ils étaient posés sur le livre à la couverture brunâtre. Il se pencha doucement vers l’ouvrage et le saisit fébrilement, le déposant sur le lit, entre les draps bleu océan.

Le titre gravé luisait paisiblement sur la surface douce de la couverture. Il passa un doigt sur les lettres argentées fermant les yeux. Les images d’un voyage dans le passé d’une autre vie affluèrent en rafale dans son esprit, mais une seule d’entre elles resta au finale ; Deux émeraudes troublées de désir.

Sakura…il lui sembla entendre la voix voilée de timidité de la jeune femme lui murmurant sa supplication d’amour. Il avait eu envie de lui faire l’amour à ce moment là, toute la nuit, toute la vie…Dès leur premier baiser il avait compris qu’elle était celle qui pourrait le pousser à briser ses chaînes, à supprimer les erreurs et à tourner une nouvelle page pour un autre commencement, loin de sa mère, loin de cette femme qui se disait sienne. Il n’avait jamais ressenti l’envie de tromper Lya, l’idée en elle-même ne lui était jamais venue à l’esprit. Le mariage était quelque chose de sacré, un engagement pour la vie ; l’engagement de toute une vie.

Pourtant la courtisane de Londres d’un autre temps lui avait fait tout oublier, par un seul de ses baisers. Il ressentait encore la saveur de ses lèvres contre les siennes. Elle n’avait pas de rouge à lèvres, sans doute trop cher, mais ce n’était pour lui déplaire bien au contraire. La seule chose qui l’irritait était la vision déchirante d’autres hommes posant leurs lèvres indignes sur la bouche de son ange du temps. Il était jaloux, il était amoureux…D’une facilité enfantine, il s’était épris d’une princesse d’un soir. Lui qui n’ouvrait la porte de son cœur qu’après plusieurs coups contre celle-ci se sentait renaître sous les regards d’une jeune femme qui hier matin encore n’existait pas dans sa vie.

Il voulait la revoir, il fallait qu’il la revoie. Ses doigts se posèrent sur le rebord de la couverture de l’œuvre qu’il effleura pendant un instant de haut en bas. Pouvait il y retourner ? Ne risquerait il pas de retrouver la jeune femme en colère ? Après tout si le temps filait à la même allure que dans le présent, il devait faire grand jour là bas, et il lui avait assuré qu’il reviendrait. L’idée de devoir subir la colère de Sakura ou pire son indifférence lui était insupportable, plus il retardait son retour dans le passé, plus il risquait de perdre le peu de confiance qu’elle avait mise en lui hier soir.

Décidé, il s’apprêta à ouvrir cette porte du temps d’encre et de papier quand un bruit dans le duplex arrêta son geste.

- Chéri !!! Je suis de retour !! s’exclama une voix qu’il ne connaissait que trop bien.

Affolé, il se leva rapidement, saisit le livre et le fourra dans sa serviette en cuir noir au milieu de ses documents de travail et se dirigea vers l’entrée où il aperçu la chevelure brune penchée sur une énorme valise qu’elle essayait tant bien que mal de faire entrer dans l’appartement.

- Ah mon cœur, aide moi s’il te plait ! Dit elle en se retournant vers son mari qui la considérait, visiblement surpris.
- Euh oui attend.

Il lui prit le sac des mains et alla le poser dans la chambre à coucher du couple. Il jeta un coup d’œil inquiet vers la cachette du livre pendant qu’il se changeait ; l’heure de son départ pour le bureau aillant presque sonné. Prenant sa serviette, il rejoignit sa femme dans la cuisine.

Shaolan s’accouda contre la porte de cette dernière, les bras croisés et observa sa femme qui cherchait quelque chose dans le frigo entre ouvert.

- Où est la bouteille de vin Shao ? Demanda t elle, la tête entre les rayons.
- Qu’est ce que tu fais là Lya ? Répliqua t il d’un ton sec.

Elle se retourna vers lui, les sourcils froncés, ne comprenant pas la question de son mari. Elle referma le réfrigérateur et dirigea vers son mari qui ne bougea pas. Une fois face à face, elle le regarda dans les yeux, plongeant son regard bleu nuit dans celui du jeune homme.

- Tu m’as manqué. Dit elle en s’apprêtant à poser ses lèvres sur celle du jeun homme qui tourna la tête, l’obligeant à embrasser sa joue.
- Moi pas, alors réponds à ma question, qu’est ce que tu fais là ? Dit il en saisissant les poignés de la jeune femme qui avait posé ses mains sur son torse, la repoussant légèrement.

Contre tout attente, elle lui adressa un sourire innocent, et revint près du frigo qu’elle ouvrit, et s’y replongea, laissant son mari perplexe.

- Où est le vin…Ah voilà ! S’exclama t elle joyeusement en sortant la bouteille à peine entamé.

Elle la déposant sur le bar puis ouvrit l’un des placards et en prit deux verres. Elle s’assit comme si de rien n’était sur l’un des tabourets en aluminium et versa une bonne quantité du liquide pourpre dans un des verres, qu’elle porta à ses lèves.

Irrité par ce jeu malsain, Shaolan lui arracha furieusement le verre des mains qui alla s’écraser contre le sol, repeignant le carrelage immaculé, à quelques endroits, de vin.

- QU’EST-CE QUI TE PRENDS ! s’écria la jeune femme en se levant, furieuse.
- CE QUI ME PREND ! TU TE FOUS DE MOI LYA ! TU PARS UN MOIS EN ME LAISSANT SANS NOUVELLES ET TU ME DEMANDE CE QU’IL ME PREND ! Hurla t il en retour, renversant le tabouret dans un vacarme qui fit sursauter sa femme.

Toute trace de colère quitta les traits de la jeune femme qui lui adressa un sourire tendre qui déstabilisa le jeune chinois pendant un instant. Lya déposa une main caressante sur celle du jeune homme, posée sur le bar.

- Je comprends, tu t’es senti délaisser mon chéri, j’en suis affreusement désolée mon cœur. Dit elle d’une voix douce.

Lentement, elle s’approcha du le jeune homme qui ne prit même pas la peine d’enlever sa main, abasourdi par un tel changement de situation.

- Je sais que je n’aurais pas dû te laisser comme cela pendant un mois, sans te donner signe de vie. Tu as dû t’inquiéter mon chéri, oh mon amour pardonne moi.

Voyant que le jeune homme ne la repoussait pas, elle lui caressa la joue en lui adressant un regard débordant de remords et de tendresse. Ce contact, pourtant doux, eut l’effet d’une gifle sur le Shaolan qui recula instantanément.

- Ecoute, je pense qu’on devrait faire un break. Dit il sur un ton calme.
- Q…Quoi ?! S’exclama t elle horrifiée.
- Ne prend pas cet air choqué, nous savons tous les deux que ce mariage ne rime plus à rien Lya ! S’emporta t il.
- Non ! J’ai fait une connerie en ne te téléphonant pas pendant un mois, je te demande de me pardonner, mais ne parle pas de séparation Shaolan tu n’as pas le droit de faire ça ! Répliqua t elle la gorge nouée.
- S’il te plait, arrêtons cette mascarade pendant que c’est encore possible, je préfère qu’on se quitte en bon terme, et puis je ne parle pas de divorce…pas pour l’instant du moins.
- Tu ne peux pas nous faire ça Shaolan, tu ne peux pas me faire ça ! Je suis ta femme Shaolan, devant dieu, je n’accepte pas cette décision ! Déclara t elle en séchant ses larmes rageusement.
- Bien, si tu le prends comme ça, c’est moi qui m’en vais. Décréta t il en s’apprêtant à sortir de la cuisine.

Elle le retint par le bras, les larmes inondant son visage aux traits fins et posa sa tête sur l’épaule du jeune homme qui s’arrêta.

- Je t’en supplie Shaolan…Shao…mon cœur, je t’en prie reste, je…je suis désolée…reste mon amour reste…je t’aime, Shaolan je t’aime reste avec moi…Sanglota t elle contre son dos, l’enlaçant.

Le jeune homme serra les poings fermant les yeux; lui mentait elle encore ? Il ne l’avait jamais vu aussi abattue. Sous ses paupières closes, la vision d’un regard vert brillant de malice s’imposa à son esprit. Prenant sa décision, Shaolan posa ses mains sur celles de sa femme qui l’enlaçaient toujours. Lentement, il l’obligea à desserrer l’étreinte forcée, se dégageant totalement du corps secoué de sanglot de la jeune femme, et d’un pas décidé, quitta la pièce.

- NON ! Shaolan….SHAOLAN… !

Seul le claquement de la porte d’entrée lui répondit.

*~ * ~*

Ce fut le froid qui réveilla la jeune femme. Encore endormie, elle se redressa sur le canapé de velours rouge et posa son regard sur la pièce ; le feu dans l’âtre s’était éteint. Elle frissonna légèrement et se leva. Sakura se dirigea vers l’une des trois fenêtres du salon, qui par les rayons claires filtrant à travers la vitre, annonçait le jeune matin. La jeune femme ne s’attarda pourtant pas sur la beauté du levé du soleil ; Un goût amer, absolument pas dû au sommeil, narguait ses papilles lui rappelant une promesse brisées, une de plus dans cette tristesse qui se disait vie ; Il n’était pas revenu.

Elle l’avait attendu, fixant les flammes, essayant de faire abstraction de cette petite voix qui lui criait de partir, que ce n’était pas maintenant que le destin lui tendrait une main secourable et que cette homme, bien que différent jusqu’à lors, ne serait que plus vile que les autres, que plus exécrable. Et maintenant que le désir s’était bel et bien retiré, que la saveur de ses baisers s’était estompée, elle se maudissait d’avoir si facilement cédé, d’avoir laissé la femme prendre le pas sur la fille de joie, d’avoir été elle, pour une fois.

- Mademoiselle.

La jeune femme sursauta au son de la voix pourtant tendre et posée. La vieille domestique se rapprocha d’elle, lui souriant affectueusement, ce qui ralluma un instant, une infime lueur d’espoir.

- Vous devriez partir.

Une gifle, un coup de poignard, un coup de trop. La lueur se retira, l’espoir s’évapora et les larmes menacèrent d’ériger les nouvelles blessures de Sakura. Elle ferma les yeux, acquiesça et fit quelque pas pour quitter ce lieu, où elle se jura de ne jamais revenir. Mais une main chaude vint se poser sur son épaule dénudée.

- Je ne veux point de son argent ! répliqua t elle sur un ton sec avant même que la servante n’est pu ouvrir la bouche.
- Attendez…ce n’est pas ce que vous pensez.

Elle s’arrêta, portant son regard sur la vieille femme, qui souriait toujours, la questionnant du regard.

- Vous ne quitterez pas cette maison, avant un bon petit déjeuné, mon maître ne serez pas ravi d’apprendre que son invité n’a pas été traité comme il se doit. Dit la veille femme.

N’attendant pas de réponse de la part de la jeune femme, Tomoyo se retira dans le couloir. Sakura ne bougea pas, tiraillée entre ses pensées ; devait elle la suivre ? Ou s’enfuir comme lui répétait la petite voix depuis hier soir ?

Elle rejoignit le couloir où avait disparu la servante. A sa droite, elle pouvait apercevoir au bout du corridor une porte ouverte qui éclairait ce dernier, et que la jeune femme identifia comme étant les cuisines, pensée confirmée par l’odeur des crêpes qui vint chatouiller son odorat, faisant grogner son estomac. A sa gauche l’entrée se dessinait au loin ; quelques rayons lumineux se faufilaient joyeusement sur les contours de la porte en bois marron.

Deux passages, deux choix, une personne. Si elle rejoignait la cuisine, elle aurait le loisir de manger quelque chose mais elle se ferait chasser juste après, un repas comme paiement, voilà qui n’était pas de coutume. En revanche si elle partait maintenant elle pourrait garder le peu de fierté qui lui restait après cet abandon avant l’heure, mais elle ne pourrait pas reprendre son labeur sans quelque chose pour assouvir sa faim.

« La fierté n’a jamais nourri personne ma fille, à bas les manières il n’y a rien qui t’attende, le jour est trop jeune pour espérer gagner quoi que ce soit. »

Serrant les poings, elle fit claquer ses talons sur le parquet, puis résignée, pénétra dans la cuisine où le parfum du repas l’enivra, lui montant à la tête dans un tourbillon de saveur alléchante. Sakura, se félicita bien malgré elle de ce choix du ventre.

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