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The Quills
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24 septembre 2007

Chapitre I : An Almost Normal Day

Shaolan soupira pour la énième fois. Décidément ce n’était pas sa journée. Il osa un regard vers le rétroviseur et sa mine s’assombrie davantage ; une marrée de voiture derrière, une autre devant.

- Foutue ville ! Va vivre à New York mon fils, ça te changera les idées et tu pourras t’occuper des affaires que nous avons là bas, qu’elle disait ! Je voudrais bien l’y voir moi ! S’exclama t il en allumant la radio.

Shaolan éclata de rire malgré lui en entendant les paroles de la chanson qui jouait sur les ondes. Un rire amer, un rire sans une once de joie. Il posa sa tête contre le volant et regarda sa main droite où brillait une alliance en or.

La situation que relatait la chanson qui finissait à la radio lui faisait penser aux innombrables disputes qu’ils avaient depuis leur mariage. Deux ans. Il lui semblait pourtant que cela faisait des siècles qu’il avait fait sa demande dans ce petit restaurant japonais.

Mais seulement deux ans avaient passés, deux ans de « je t’aime, moi non plus », deux années passées à mentir aux autres en leur affichant un couple au comble du bonheur et de la quiétude. Ils en étaient arrivés à se mentir entre eux, avec les « chéris » dit d’un accent forcé et les « je t’aime » aussi rare que les embouteillages étaient continuels dans la ville.

Alors pourquoi ne pas divorcé ? Après tout il n’avait que 25 ans et pas encore d’enfant que cette séparation pourrait bouleverser. Elle ne l’aimait pas, lui non plus cela ne servirait à rien de maintenir une relation qui leur empoisonnait la vie autant à lui qu’à elle.

Shaolan releva la tête et se surprit à avoir le tournis. Trop vite. Il ferma les yeux un moment et l’image de sa femme se forma sous ses paupières closes ; Lya…

- Deux semaines maximum…

Il sourit amèrement ; cela faisait un mois qu’elle était partie maintenant. Avec la petite scène du couple parfait qu’ils avaient joué avant le départ de la jeune femme il avait eu la prétention d’espérer qu’elle tiendrait parole et que, à son retour, ils pourraient s’expliquer et essayer de sauver les meubles mais elle n’avait même pas daigné lui passé un coup de téléphone.

Quelle vie ! Et quelle ville ! Encore une heure à attendre dans le trafic pour finalement ne pas en sortir. Il n’avait dû avancer que de quelques centimètres et le fait de penser à Lya le rendait encore plus exécrable. Sans vraiment savoir pourquoi il sortit de sa voiture et rajustant les pans de son manteau, il se dirigea vers la première ruelle qu’il trouva et s’engouffra dans celle-ci.

Il marcha, marcha, marcha encore et encore sans but précis. Il voulait juste fuir le plus loin possible de cette voiture, espérant ainsi fuir les pensées qui l’assaillaient dans le véhicule.

Puis il s’arrêta aussi soudainement qu’il était sorti de sa voiture et leva la tête vers une enseigne en bois, dont la peinture se craquelait par endroit, qui laissait voir la moitié d’une inscription en blanc, sur le fond anciennement vert bouteille.

- Fea…lut il en plissant les yeux.

Mais le reste resta un mystère pour le jeune homme qui n’insista pas. La vitrine de la petite boutique était toujours intacte bien qu’elle ne laissait rien voir de ce qu’il y avait à l’intérieur. Curieux de nature, le jeune homme se dirigea vers la porte et fut surpris, en tournant la poignée, de voir la porte s’ouvrir dans un grincement morbide suivit de très près par une petit « dring » aigu.

Levant la tête Shaolan vit une petite clochette en argent qui tintait joyeusement au dessus de sa tête. Il entra. Devant lui se dressait une petite pièce vide de tout mise à part l’épaisse poussière qui s’attardait sur les étagères des bibliothèques vident de leur vrai occupants.

- Oh une ancienne librairie. Dit-il en se dirigeant vers ce qui devait être le comptoir.

La pièce était faiblement éclairée par les quelques rayons qui réussissaient à se faufilait parmi la saleté qui ornait les vitres des fenêtres et de la vitrine. Sur le comptoir en bois, une sonnette, semblable à celle que les hôtels possédaient à la réception, était posée docilement. Shaolan posa sa main dessus et un « dring » plus grave que celui de la porte retentit en écho dans la boutique.

- J’arrive ! Cria une voix qui le fit sursauter.

Aussitôt, une vieille femme apparut derrière le comptoir et lui adressa un sourire bienveillant en le regardant par-dessus de petite lunette.

- Puis je vous aider jeune homme ? Demanda t elle d’une voix douce.
- Je…je passais et je suis entré je ne savais pas que…la boutique marche encore ? s’étonna t il

La vieille femme rit doucement devant l’air perdu du jeune homme.

- Non, sinon je pense que j’aurais fait le ménage. Voyez comme c’est sale ici mais j’y reste, puisque je n’ai nulle part où aller.
- Vous habitez ici ?
- Oui et non disons que c’est ici qu’est ma place, en attendant que mon heure soit venue.
- Vous n’avez pas de famille ? pas d’amis qui pourraient prendre soin de vous ?
- Merci de vous inquiéter mais je ne peux aller chez personne. Pas tant que mon travail ne sera pas accomplie.

Il ne comprenait pas ce qu’elle voulait dire par là mais n’insista pas.

- Pourquoi vous avez fermé ? Demanda t il enfin.
- Les gens de cette époque n’aime plus beaucoup lire il faut l’avouer, la télévision a remplacé les moments magiques que ceux de mon époque passaient entre les pages d’un bon livre.

Elle avait parlé d’une voix teintée de mélancolie, mais bien vite elle retrouva son sourire paisible et regarda Shaolan qui buvait ses paroles ; Il aimait les livres depuis toujours et sa manie de se plonger dans l’un d’eux durant des heures avait tendance à irriter sa compagne. Elle ne comprenait pas comment quelqu’un pouvait rester des heures à lires des mots et y trouver du plaisir. La définition du plaisir pour elle était dans une fête où l’alcool coulait à flot ou alors…dans un lit.

- Vous aimez lire ? Le questionna la vieille femme après un moment.
- Oh oui ! répondit il aussitôt.
- Alors je pense que celui-ci vous plaira.

Elle disparut derrière une petite porte et revint avec un livre de taille moyenne, il semblait assez ancien et la couverture, d’un rouge presque marron, était marquée d’un titre qui y paraissait gravé.

Shaolan le prit entre ses mains et se surprit à ressentir un sentiment étrange. Une sorte de vague de bien être l’avait envahi à ce simple contact. La vieille femme sourit malicieusement mais il ne la vit pas.

- Je vous dois combien ?
- Oh rien jeune homme ceci est un cadeau on va dire. Vous êtes bien la seule personne a s’être jamais arrêtée ici alors je pense que cela vaut bien le geste.
- J’insiste !
- Ne dites pas de bêtises mon enfant ! Allez maintenant je vous demande de partir il est l’heure pour moi d’aller prendre le thé dans l’arrière boutique.

A ces mots, elle lui adressa un bref hochement de tête et elle disparut derrière une petite porte.

Shaolan resta debout devant le comptoir à observer le livre un long moment avant de se résigner à sortir de la petite boutique. Derrière lui la porte se referma doucement, faisant teinter une dernière fois la clochette en argent.

*~ * ~*

Une clef tourna dans la serrure qui céda facilement et la lumière claire baigna l’appartement où le jeune homme pénétra, épuisé.

Il posa négligemment son manteau et son attaché case sur la table du salon et se laissa tomber sur le canapé, la tête renversée sur le dossier de celui-ci.

Journée catastrophique. Il était arrivé avec trois heures de retard ce qui l’avait obligé à annuler plusieurs réunions. Sa mère l’avait aussitôt appelé pour lui reprocher son manque flagrant de professionnalisme et lui avait raccroché au nez sans lui laisser une chance de s’expliquer.
Sa voiture était tombée en panne à mi chemin, un chien avait pris son pantalon pour un urinoir et pour finir, l’ascenseur de l’immeuble avait choisi ce jour ci, pour tomber en panne.

La seule chose positive en ce vendredi était son entrée dans la petite librairie. Etrange événement certes mais qui avait tout de même fait sa journée et puis il était plus qu’impatient de découvrir ce que la couverture en cuir marron renfermait de si précieux.

Il se leva lentement et se dirigea vers la salle de bain, se laissant aller sous le jet d’eau chaude. Après quelques minutes qui retourna dans le salon, le livre en main, près à débuter sa lecture à la lumière douce de la lampe de séjour.

« Ceci est une histoire dont le temps a effacé les événements mais que ces pages ont su garder jalousement, une histoire au-delà du papier et de l’encre, dans un passé maintenant oublié. Ce récit se déroule dans l’immensité de la ville de Londres sous l’air Victorienne.

L’été 1888 s’annonçait comme les autres, chaud et pas moins dénué de puanteur. Londres de cette époque, surtout l’Est de la ville se retrouvait à l’odorat. Il suffisait de suivre le « parfum » fétide du sang provenant des abattoirs et des excréments qui ornaient les pavés des rues que les troupeaux de mouton empruntaient vers leur mort.
Le « East End » sera le décor de cette histoire qui commence dans l’obscurité de cette ville qui une fois le soir venu, se drape d’un manteau de froideur et d’humidité. Les ruelles se croisent et se ressemblent, toutes sombres et boueuses à l’image de ce que le peuple londonien des bas quartiers était.

Sur la pierre d’un mur crasseux, une inscription à moitié lisible annonçait avec insolence le nom du quartier de débauche : Whitechapel »

Shaolan leva le nez de son livre en sentant une odeur bizarre dans l’air. Il fronça les sourcils et posa son regard sur le salon mais rien d’anormal ne se trouvait à l’horizon. Il reporta alors son attention sur les lignes du livre qui lui plaisait déjà.

Il fut surpris de voir la suite de la page s’effacer sous ses yeux. Il faillit lâcher le roman mais le reteint de justesse sur ses genoux. Le jeune homme continua d’observer les lignes qui s’estompaient des deux pages et quand ce fut fait, une sensation étrange l’envahit, le prenant au ventre et une odeur nauséabonde lui écorcha les narines. Il ferma les yeux en espérant les rouvrir sur un salon vide où il rirait de se rêve qui tournait au cauchemar.

Mais quand l’ambre de ses yeux se posa sur le monde, il poussa un cri de stupeur en reculant d’un pas, se heurtant à quelque chose de dur. Essayant de garder son calme malgré la peur qui le hantait au plus profond de son être il se retourna vers ce qui l’empêchait de s’enfuir et soupira de soulagement en voyant que ce n’était qu’un mur sale et mal odorant.

- Un mur sale et mal odorant…Souffla t il en fixant la pierre avec horreur.
- EH VOUS !

Le cœur de Shaolan manqua de lâcher en entendant ce cri qui, il ignorait s’il lui était adressé.

- NE BOUGEZ PAS ! s’écria la voix grave.

Comme si je pouvais ! Pensa le jeune homme avec ironie en se retournant lentement vers la personne qui l’interpellait.

Devant lui se tenait un homme plus petit que lui mais qui compensait largement par sa forte carrure et son ventre rebondit qui semblait prendre un malin plaisir à vouloir faire céder les boutons de l’uniforme noir. Un visage poupin barré d’épais sourcils froncés, un nez en forme de pomme de terre, sa bouche surplombée d’une moustache touffue montrait des dents gâtées. Il agitait une lanterne devant lui en plissant les yeux pour voir le jeune homme qui semblait pétrifié.

- Qu’est ce que vous faîtes ici Mr ? reprend t il d’une voix mielleuse après un moment.

« Monsieur ? » Relève Shaolan en écarquillant les yeux.

- Vous devriez rentrer chez vous, je vais vous arrêter un fiacre.

L’homme s’éloigne, laissant le jeune homme dans la pénombre de l’endroit. Shaolan se demandait se qui avait fait changer l’attitude de ce qu’il avait identifié comme étant un policier anglais. Où est ce qu’il avait bien pu atterrir ? New York ne comptait aucun quartier comme celui-ci, pensa t il en regardant aux alentours.

Soudain, son regarda se posa sur une inscription gravé dans l’une des pierres du mur qu’il avait heurté en ouvrant les yeux. Il recula de stupeur, n’osant pas croire ce que ses yeux lisaient ; Whitechapel. Il était donc…dans le livre ?

- Impossible ! s’exclama t il, ses yeux continuant de relire encore et encore le nom du quartier.

Mais les mots ne changèrent pas ; W-H-I-T-E-C-H-A-P-E-L. Onze lettres qui formaient un nom. Un simple nom mais qui donnait des frissons à Shaolan. Et le lieu où il se trouvait n’arrangeait rien. Debout au milieu de la rue près du mur qui portait l’inscription funèbre, il n’avait pour seule lumière que celle d’un réverbère dont la petite flemme orange n’offrait qu’une lueur pâle.

Tout ceci n’avait pas de sens. Comment ? Un livre ne pouvait pas vous transportez dans son histoire encore moins dans….le passé. C’était beaucoup trop « réel » pour qu’il soit simplement dans un rêve, encore moins dans une histoire purement fictive. Non, il en était persuadé il était bien dans Londres du 19ème siècle, même si c’était dur de l’accepter entièrement.

Il n’eut pas le temps d’approfondir ses réflexions, un hennissement ayant attiré son attention.

- Voilà M’sieur ! Rentrez bien. Dit l’homme en revenant vers lui.
- Merci…euh…tenez.

Joignant le geste à la parole, il porta sa main à la poche de son pantalon et en sortie un billet qu’il tendit à l’officier. Ce dernier le gratifia d’un sourire édenté.

- M’sieur est trop bon. S’exclama l’homme en fourrant l’argent dans sa poche.

Shaolan le regarda s’éloigner, puis il se décida à monter dans le fiacre dont le cochet semblait s’impatienté.

- Où c’est qu’j’vous emmène ? Demanda l’homme d’une voix sèche.

« Bonne question…réfléchis, réfléchis… »

- 190 Queens Gate !

Sans attendre plus, le fiacre s’ébranla et Shaolan n’entendit plus que le bruit des sabots des chevaux contre les pavés.

D’où sortait cette adresse ? Il ne savait pas où cela se situait et encore moins ce qu’il trouverait en arrivant à destination. Ce n’était pas lui qui avait prononcé ces mots ; à peine avait il ouvert la bouche pour exprimer son ignorance qu’il avait entendu les deux mots de sa propre voix.

Etrange…de plus en plus étrange…de moins en moins rassurant ! La soirée s’annonçait longue…très longue.

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